« Contre-cantique » des créatures

Béni sois-tu, ô Dieu, qui créas le Ciel et la Terre et l’homme.
Et tout ce qui s’ensuit.
Béni sois-tu pour les cyclones jetant à bas forêts et villages, pour sœur l’eau des tsunamis qui nettoient vaillamment les rivages, pour les séismes, pour les volcans engloutissant bêtes et gens et les momifiant dans leur lave incandescente.
Béni sois-tu pour la pullulante famille des microbes et des bactéries, pour les virus et les parasites, qui ont le droit de vivre aussi, et le font par nature aux dépens des autres ; béni sois-tu pour les monstres, pour les maladies génétiques, pour la peste et le choléra, la trisomie 21, la cécité de naissance, qui obligent l’homme à la recherche scientifique et la force de caractère.
Béni sois-tu pour avoir inventé la chaîne alimentaire qui nous permet de nous manger les uns les autres, car l’homme se délecte du gigot d’agneau, le lion de l’antilope, l’oiseau de l’insecte et du vermisseau et le requin de tout ce qui lui tombe sous la dent.
Loué sois-tu pour l’odeur fétide des putréfactions animale et végétale, pour la décomposition des corps, pour frère feu qui les purifie et en fait de la cendre.
Béni sois-tu pour notre sœur la mort, les hurlements de l’homme et de l’animal amputés, pour les râles des agonisants, la détresse du petit sans mère et celle de la mère face au cadavre du petit.
Loué sois-tu car tout ce qui existe manifeste inlassablement ton amour et fait inlassablement chanter l’alléluia dans nos cœurs.

Anonyme du XXIe siècle.

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