C’est Andrée Barbier qui a entr’ouvert pour moi une petite porte dans cette pensée qui est son art. Parcourir des textes de Kant, Hegel, Nietzsche, Freud et Bergson ou encore Lévi-Strauss, n’était jusqu’alors pas à ma portée. Après deux années de fréquentation d’un cours de philo, je ne pouvais évidemment pas posséder les clés de ces grandes pensées. Il m’a souvent semblé que j’avais un choix à faire : servir mon art ou philosopher, comme si ces deux disciplines ne pouvaient cohabiter, l’intelligible et le sensible se faisant concurrence dans l’occupation de mon temps. Je me suis fréquemment reproché de déserter l’atelier pour la lecture, pourtant la philosophie attribuait un surcroît de sens à mes actes et je ne pouvais me résoudre à trancher.
Ce mur d’incompréhension dressé en travers de mon chemin devait être franchi d’une façon où d’une autre. L’impérieuse recherche de sens qui m’habitait m’interdisait de capituler, mais avaler les deux volumes de l’Esthétique de Hegel aurait causé ma perte. J’ai donc décidé de tenter une réconciliation entre une exploration de cette pensée fascinante, par trop chronophage, et la matière qui est mon territoire identitaire. Il m’a finalement semblé possible de dépasser cette opposition, en transformant symboliquement cette exigence en un… mur de compréhension.
C’est ainsi que les deux tomes de l’Esthétique de Hegel ont servi de peau aux matériaux qui ont façonné ce mur, rendant hommage à cette pensée de façon tangible.
Mes remerciements vont à Andrée Barbier pour son attention généreuse dans la genèse de cette œuvre ainsi que pour sa très active participation par la rédaction de textes explicatifs détaillés et le choix des citations qui accompagnent les philosophes représentés.
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