Absoute pour James Bayle

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Cher James,

Te voilà en partance et trouver les mots pour m’adresser à toi une ultime fois n’est pas aisé. Je n’ai jamais aimé les quais de gare, mais tu as été mon fidèle ami et il faut bien cette fois-ci affronter les adieux.

Jusqu’au bout de toi-même tu as su garder l’esprit fier et ton humour si particulier ne t’a jamais abandonné. Pourtant les derniers moments ont été cruels, mais je peux en témoigner,  tu es resté droit dans tes bottes, comme un homme que la dignité n’a jamais quitté.

Je sais que je ne suis pas la seule à t’avoir trouvé disponible quand j’en avais besoin et tu n’étais pas avare de ton temps pour les amis. Je ne peux pas compter ceux que tu as soutenus sur le sentier sinueux du métier d’artiste.  Militant de la MAPRA (Maison des Arts Plastiques Rhône-Alpes) http://www.mapra-art.org/, pendant plusieurs années tu as donné toute ton énergie pour que les artistes puissent exposer leur Å“uvres dans les meilleures conditions. Le prestigieux Taninges Art Contemporain à la Chartreuse de Mélan, c’est à toi qu’on l’a dû et ça n’était pas rien. Ton caractère intègre supportait mal les compromis et tu as tout fait pour la reconnaissance et le sérieux de notre profession, nous sommes nombreux à t’en être redevable.

Tu es parti bien tôt, mais tu as vécu plusieurs vies. Tour à tour pilote de planeur, mécanicien sur bolides automobiles, entraîneur pour la compétition de ski, jardinier, professeur d’arts plastiques, commissaire d’exposition… et j’en oublie certainement,  mais c’est en tant que sculpteur et fondeur que je t’ai le mieux connu. De ton passé tu tirais d’interminables récits, parlant souvent de technicités sophistiquées auxquelles je ne comprenais pas grand-chose, en tout cas tu m’épatais par tes connaissances approfondies dans pas mal de domaines. Avec toi tout paraissait possible et j’ai souvent mis les pieds dans tes pas pour aborder l’inconnu.

Mais il n’y avait pas que l’art dans ta vie, tu me parlais souvent de Mathilde ta nièce et des petites, elles étaient très présentes dans tes pensées.  Je sais qu’à Jacqueline, ta grande sœur, dernier pilier de ton enfance, tu dispensais tes turbulences, c’était ta manière à toi d’aimer, ta pudeur n’aurait jamais pu le reconnaitre, mais tu as bien fini par nous le faire savoir à ta façon, ton affection pour elle était inaltérable.

Ton départ laisse un sacré vide, mais il était temps que tu reposes paisiblement après les épreuves. Tes sculptures parlent de légèreté, d’envolées, de grands espaces aériens et de liberté, c’est là qu’il est bon de te savoir.

La confiance que tu m’as accordée est gravée à jamais au fond de mon cœur. Merci James.

Annette, le 2 novembre 2010

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